• 500 millions d'abeilles sont mortes en quelques mois au Brésil

    500 millions d'abeilles sont mortes en quelques mois au Brésil

     © Kerstin Klaassen/Getty Images

     

    Près de 500 millions d'abeilles sont mortes au Brésil au cours des trois premiers mois de 2019. Une hécatombe qui serait à attribuer notamment à l'utilisation massive de pesticides dans les cultures du pays.

     

    Alors que l’Amazonie est en proie aux flammes, c'est un autre drame écologique resté jusqu'ici silencieux qui vient d'être mis en lumière au Brésil. Au cours des trois premiers mois de 2019, les abeilles domestiques brésiliennes ont connu une véritable hécatombe : près de 500 millions d'entre elles sont mortes dans quatre des états du Sud du pays, révèle l’agence Bloomberg. 

    Selon Aldo Machado, vice-président de l'association d'apiculture brésilienne Rio Grande do Sul, le phénomène a gagné de l'ampleur très rapidement. Moins de 48 heures après que de premières butineuses ont montré des signes de maladie, des dizaines de milliers ont succombé. "Dès que les abeilles saines ont commencé à éliminer les abeilles mortes des ruches, elles se sont retrouvées contaminées", a-t-il précisé. Alors, "elles ont commencé à mourir massivement".

     

    Les pesticides pointés du doigt

    Le déclin des populations d'abeilles domestiques (Apis mellifera) n'est pas un phénomène nouveau au Brésil. De nombreux apiculteurs ont enregistré des pertes ces dernières années. Mais celles-ci sont restées trop peu documentées pour identifier clairement l'ampleur du problème, de même que son origine. Maladie, parasite, changement climatique ou encore perte de l'habitat, les causes pourraient être multiples.

    Toutefois, face à la récente hécatombe, ce sont des coupables bien précis qui ont été pointés du doigt : les pesticides. D'après Bloomberg, des analyses menées sur des abeilles mortes dans la ville de Mata ont révélé dans leur organisme des traces de cinq types de produits parmi lesquels le fipronil, un insecticide interdit depuis 2013 dans l'Union européenne en raison du risque qu'il présente pour les butineuses.

    La découverte de cette substance a ravivé les critiques envers l'utilisation massive de ces produits au Brésil. Selon l'Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), leur usage s'est accru de 770% entre 1990 et 2016, notamment dans les cultures de soja. En 2017, ce sont ainsi plus de 500.000 tonnes de pesticides qui ont été versés dans les champs brésiliens. Et cette tendance est loin de s'inverser.

    Depuis le 1er janvier et l'arrivée au pouvoir du président Jair Bolsanaro, pas moins de 290 nouveaux produits ont été autorisés, soit près de 1,4 par jour. En comparaison, à peine 45 l'avaient été sur la même période en 2010. Aujourd'hui, ce sont ainsi quelque 2.300 de ces substances qui peuvent être utilisées dans les cultures brésiliennes, dont certaines sont interdites dans l'Union européenne ou aux Etats-Unis.

    Interrogée par Bloomberg, Andreza Martinez, responsable de Sindiveg, un groupe qui représente des producteurs de pesticides, a souligné que la moitié des autorisations attribuées concernait des ingrédients et non des produits finaux. "Cela apporte davantage d'outils aux agriculteurs, mais ça n'implique pas une hausse de l'utilisation de produits dans les champs", a-t-elle affirmé.

     

    Des toxicités réévaluées

    L'argument est loin de convaincre quant aux risques associés à ces substances pour les abeilles comme pour la santé humaine. "'Plus les produits sont nombreux, plus nos chances d'assurer la sécurité diminuent, parce que vous ne pouvez pas tous les contrôler", a jugé Silvia Cazenave, professeur de toxicologie à la Catholic Pontifical University de Campinas.

    De même, la toxicité de certains pesticides employés est loin d'atténuer les inquiétudes. D’après Greepeace Brésil, environ 40% d'entre eux sont "hautement ou extrêmement toxiques" et présentent un risque pour la santé humaine ou l'environnement. Pourtant, ils ne sont pas tous classés comme tels. Certains ont même vu leur risque reconsidéré sous le gouvernement Bolsonaro.

    En plus des nouvelles autorisations, l'Agence de réglementation de la santé du Brésil (Anvisa) a en effet récemment réévalué 1.942 pesticides déjà enregistrés, explique le site Mongabay. Le nombre de produits classés "extrêmement toxiques" serait ainsi passé en quelques mois de 702 à 43, encourageant encore davantage leur utilisation.

    En plus de pointer du doigt la quantité excessive de produits, certains dénoncent également leur mauvais usage hors des champs ou sur des cultures qui n'en ont pas besoin. "La mort de toutes ces abeilles est un signe que nous nous faisons empoisonner", a affirmé Carlos Alberto Bastos, président de l'Association d'apiculture du District fédéral au Brésil.

     

    Article paru dans GEO

     


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