• "Y a le feu !"

    Où l'on observe des oiseaux pyromanes.

     

    1960, Australie. Intrigué, l’aborigène Waipuldanya observe les allées et venues d’un petit groupe de rapaces.
    L’un d’eux vient de provoquer un départ de feu en lâchant une brindille enflammée dans une parcelle d'herbes sèches... L'animal s'est ensuite installé quelques mètres plus loin, et observe patiemment l’incendie se propager.

     

    "Y a le feu !"

    Phillip Waipuldanya Roberts, 1969, photo : Smoke Signals Voir en grand 

     

    Un oiseau pyromane ? L’homme aurait-il rêvé ? Pas du tout ! Le phénomène est bien connu des locaux. Tout comme Waipuldanya, plusieurs d’entre eux ont déjà assisté à l’œuvre de ces incendiaires des airs.

    En fait, les oiseaux en question appartiennent à trois espèces de rapaces : le milan noir, le milan siffleur et le faucon brun.

     

    "Y a le feu !"

    De gauche à droite : Le milan noir, le milan siffleur et le faucon brun, photos : H. Zell, Jim Bendon, pen_ash Voir en grand 

     

    Leur procédé est bien rodé. Ils volent à proximité des feux de brousse, et ramassent des herbes ou des brindilles enflammées. Ils transportent ensuite ces dernières au lieu de leur choix, de quelques mètres à plusieurs centaines de mètres, franchissant parfois des rivières, des routes ou des cols. Puis ils lâchent leurs torches improvisées, déclenchant ainsi un nouveau départ de feu.

     

    "Y a le feu !"

    Illustration Sciencetips Voir en grand 

     

    Mais à quoi cela peut-il bien leur servir ? À se nourrir, pardi ! Eh oui, en créant un nouveau foyer d'incendie, les rapaces parviennent à faire fuir toute la population d'insectes, de rongeurs, de reptiles qui s’abritent dans la brousse. Ils n’ont alors plus qu'à attendre que tout ce petit monde détale pour se servir. Un vrai festin ! Malin, non ? Un peu effrayant aussi…

     

    "Y a le feu !"

    Un rongeur, photo : sandid Voir en grand 

     

     

    L’étude de ce comportement intéresse particulièrement les scientifiques. Il permet, en effet, de mieux comprendre le fonctionnement et l'équilibre de la brousse australienne. Mais aussi de mieux lutter contre la dispersion des feux de brousse, qu'ils soient volontaires (pour stimuler la croissance des cultures, par exemple) ou involontaires.

     

    "Y a le feu !"

    Un feu de brousse, Australie, 2010, photo : 80trading24 Voir en grand 

     

    En attendant, une question reste sans réponse : les oiseaux ont-ils appris leur maîtrise du feu de l'homme, ou bien est-ce l'inverse ? Si l’on en croit les mythes aborigènes, ce serait les rapaces qui auraient offert le feu aux hommes…

     

    "Y a le feu !"

    Le mythe du faucon de feu fait partie de la mythologie aborigène (vidéo) Voir en grand 

     

    https://www.youtube.com/watch?v=Rv-ESG3gTw4&feature=youtu.be&t=111

     

    Malheureusement, l'Australie est aujourd'hui la proie des flammes à un degré critique. Des milliers de kilomètres de forêts ravagés par les incendies, des millions d'animaux tués et des milliers d'habitants évacués... Et le bilan ne fait que s'aggraver.

     

    "Y a le feu !"

    Données satellites de l’ensemble des incendies repérés

     entre le 5 décembre 2019 et le 5 janvier 2020, photo : FIRMS NASA

     

     "Y a le feu !"

    Le bush australien, photo : kalexander73 Voir en grand 

     

    Article paru dans Sciencetips

     

     


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