• Risque de disparition de 700 espèces de plantes

    Dans le cadre de la Liste rouge nationale, des scientifique ont mené un examen approfondi des près de 5000 espèces de plantes indigènes recensées en France métropolitaine. selon leurs conclusions, 742 espèces, soit environ 15%, présentent un risque de disparition.  

    En France, la biodiversité continue de décliner et le phénomène semble aussi bien toucher la faune que la flore. Moins d'un mois après le rapport publié par l’observatoire national de la biodiversité, c'est un autre bilan révélateur - concentré cette fois sur la flore française - qui vient d'être dévoilé. Il révèle qu'à l'heure actuelle, plus de 700 espèces de plantes présentent un risque de disparition sur notre territoire.

     

    Cette nouvelle étude est le fruit de la collaboration entre plusieurs organismes : le Comité français de l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN France), la Fédération et le réseau des Conservatoires botaniques nationaux, l’Agence française pour la biodiversité (AFB) ainsi que le Muséum national d’Histoire naturelle (MNHN).

     

    Elle s'est concentrée sur la flore dite vasculaire, un groupe riche et très diversifié qui rassemble l’ensemble des plantes à fleurs, des fougères et des conifères. En France métropolitaine, ce sont pas moins de 4.982 espèces indigènes qui sont recensées et ont donc fait l'objet d'un examen approfondi. Une analyse qui a requis plus de trois ans de travaux et représenté près de trente millions de données sur la flore.

     

    15% des espèces menacées ou quasi-menacées

    Selon le rapport publié, sur les 4.982 espèces natives examinées, 742 espèces, soit 15% du total, présentent un risque d'extinction. Toutefois, le degré de menace varie en fonction des espèces. Ainsi, 421 taxons sont considérés comme " menacés " et 321 sont jugés " quasi-menacés ". Parmi les taxons menacés, 238 sont classés " vulnérables ", 132 " en danger " et 51 en "danger critique d'extinction".

     

    Dans cette dernière catégorie, figurent par exemple une petite plante endémique du Jura devenue extrêmement rare, la saxifrage de gizia (Saxifraga giziana) ou le panicaut vivipare (Eryngium viviparum), une petite plante à fleurs bleues qui pousse en milieu humide et a subi une forte régression au cours des dernières années. 

     

    Malheureusement, la situation de certaines espèces françaises est apparue encore plus préoccupante : sur les quelque 5.000 évaluées, 22 espèces ont disparu de métropole et 2 se sont totalement éteintes. C'est le cas de la violette de Cry (Viola cryana) dont les petits fleurs ont été observées pour la dernière fois en 1927 et de la carline à gomme (Carlina gummifera) également disparue de France métropolitaine.

     

    Risque de disparition de 700 espèces de plantes

    Source : UICN France, FCBN, AFB & MNHN - GT communication du réseau des CBN

     

     

    Toutefois, il faut également noter que les spécialistes ont jugé les données insuffisantes pour 373 espèces évaluées (7% du total), n'écartant pas la possibilité qu'elles fassent partie des espèces menacées.

     

     La destruction et la dégradation des habitats pointées du doigt

    En plus d'évaluer le statut de chaque espèce, l'étude a permis de mettre en lumière les menaces qui pèsent sur la flore française. " Au premier rang des pressions, la flore sauvage est menacée par la destruction des habitats naturels et les multiples dégradations qu'ils subissent ", expliquent les auteurs du rapport, " c’est le cas en particulier pour les milieux humides ".

     

    En raison de l'urbanisation et de l'aménagement du territoire, les zones humides reculent de plus en plus, limitant les habitats propices à certaines espèces comme la spiranthe d’été (classée " vulnérable ") ou le panicaut vivipare cité plus haut. Les milieux humides sont également affectés par la pollution, le drainage, la construction d'infrastructures, l'artificialisation des berges ou encore la canalisation des rivières.

     

    Parmi les autres menaces, l'intensification des pratiques agricoles est également pointée du doigt. " Les espèces qui accompagnent les moissons, appelées “ messicoles ” sont affectées par des pratiques culturales défavorables et par l’usage excessif d’herbicides. D’autres plantes sont concernées par le surpâturage et le piétinement, lorsque la densité de bétail est trop élevée ", détaillent les spécialistes.

     

    Risque de disparition de 700 espèces de plantes

    La Nigelle des champs, classée en danger critique d'extinction, fait partie des espèces affectées par des pratiques culturales défavorables et par l’usage excessif d’herbicides. - Stefan.lefnaer/CC

     

     

    " A l’inverse, l’abandon des pratiques pastorales traditionnelles est à l’origine de la régression de nombreuses espèces qui subissent l’embroussaillement des prairies humides et des pelouses délaissées ", poursuit le rapport. Enfin, les travaux forestiers, la déforestation ou la concurrence avec les espèces invasives exercent également une pression non négligeable sur certaines plantes.

     

    « Un véritable enjeu pour les humains et les écosystèmes »

    Face à un tel bilan, les organismes qui ont collaboré à l'étude appellent à réagir et soulignent l'importance de la flore qui représente bien plus qu'une source d'émerveillement. " Le monde végétal est au cœur du fonctionnement des écosystèmes et des services qu’ils nous rendent. C’est de lui que nous tirons de quoi nous nourrir, nous vêtir, nous abriter et nous soigner ", expliquent-ils dans un communiqué.

    " À moyen ou long terme, l'érosion croissante de la diversité floristique affecte donc nécessairement notre économie, notre alimentation, notre santé et plus largement notre bien-être ", insistent-ils. Néanmoins, le tableau n'est pas totalement noir pour les spécialistes. De nombreuses actions d’amélioration des connaissances et de conservation sont en effet d'ors et déjà mises en œuvre en France en faveur des espèces et des habitats les plus menacés.

    De même, certaines espèces bénéficient déjà de mesures de gestion, de protection voire de conservation avec la développement de banques de semence. Mais " la poursuite et le renforcement de ces actions apparaissent à l'avenir essentiels pour éviter la disparition des espèces les plus menacées de la flore et sauvegarder le patrimoine floristique exceptionnel de l’Hexagone ", soulignent-ils.

    Pour aboutir, ces actions devront cependant " s’accompagner d’une prise de conscience de chacun et d’une évolution profonde des pratiques de notre société ", ajoutent-ils avant de conclure : " c’est tout le défi que souhaitent relever les partenaires de la Liste rouge, avec une étape majeure attendue en 2020, année du Congrès mondial de la nature et de la prochaine COP Biodiversité ".

     

    Article paru dans GEO

     

     

     


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